Quelques problèmes relevés dans les éditions CUF du Corpus Caesarianum

Je signale dans ce billet deux erreurs rencontrées dans les éditions du Bellum Alexandrinum et du Bellum Africum, publiées en 1954 et en 1949 dans la Collection des Universités de France. Elles ont été repérées dans leur tirage le plus récent (2002). J’en profite pour esquisser des pistes de réflexion au sujet de problèmes de fond posés par ces deux éditions de textes du corpus césarien.

1) Une étourderie dans la traduction du Bellum Alexandrinum :

La première erreur se trouve dans la traduction de BAlex, 53, 5 par Jean Andrieu :

« (…) César avait accordé à Longinus la trentième et la vingt-deuxième légion levées peu de mois avant en Italie » (Pseudo-César, Guerre d’Alexandrie, page 52).

Tandis que la traduction cite la XXIIe légion, l’ensemble des manuscrits, le texte latin établi par Jean Andrieu (similaire à celui de l’ensemble des éditeurs scientifiques du Bellum Alexandrinum sur ce point) et le contexte historique indiquent clairement qu’il est question de la XXIe légion :

Pseudo-César, Guerre d’Alexandrie, éd. J. Andrieu, Paris, Les Belles Lettres, 1954 (2002), p. 52.

Il est dommage que les tirages ultérieurs de la Guerre d’Alexandrie n’aient pas été mis à profit pour rectifier cette maladresse du traducteur, certainement remarquée par beaucoup.

2) Une coquille dans l’apparat critique du Bellum Africum :

La seconde erreur figure dans l’apparat critique établi par Alphonse Bouvet pour BAfr, 60, 1 :

Pseudo-César, Guerre d’Afrique, éd. A. Bouvet, J.-C. Richard, Paris, Les Belles Lettres, 1997² (2002), p. 56.

En effectuant un travail de vérification, j’ai constaté que la leçon « XXVII » indiquée par Bouvet pour le manuscrit U était erronée. En réalité c’est la XXIXe légion qui était initialement indiquée sur ce manuscrit et une seconde main a cru bon — à tort [note 1] — de rectifier « XXVIIII » en « XXVIII ».

L’erreur de Bouvet peut être corrigée en se reportant à l’édition établie en 1901 par René du Pontet (numérisation ci-dessous) ou à celle d’Alfred Klotz, publiée en 1927 dans la Bibliotheca Teubneriana. Pour qu’il corresponde aux leçons transmises par les manuscrits, il aurait fallu que l’apparat critique de l’édition CUF indique : « XXVIIII U1R : XXVIII SN, M, U2, TV ».

C. Ivli Caesaris Commentariorvm, pars posterior, Libri III De Bello Civili cvm libris incertorvm avctorvm De Bello Alexandrino Africo Hispaniensi, éd. R. du Pontet, Oxford, Clarendon Press, 1901 (1962).

3) Quelques problèmes de fond :

Au-delà de ces petites erreurs formelles, l’édition de ces deux textes soulève des problèmes de fond, qui mériteraient de faire l’objet de développements ultérieurs.

Il y a par exemple, chez Jean Andrieu, le parti-pris de considérer la legio uernacula comme une légion composée de pérégrins espagnols. Cela s’explique par le fait que l’on a longtemps cru à l’existence, au cours de la période tardo-républicaine, d’une catégorie de légions irrégulières dont les soldats n’étaient pas des citoyens romains. Ces unités étaient qualifiées de « légions vernaculaires » (legiones vernaculae) par les tenants de cette thèse, par opposition aux légions régulières, qu’ils présentaient alors comme des iustae legiones (expression que je soupçonne d’avoir été forgée pour l’occasion).

Cette thèse a rencontré beaucoup de succès à partir du XIXème siècle, mais elle a fini par être abandonnée au début des années 1970 [note 2].

Compte tenu du contexte dans lequel il a établi son édition critique du Bellum Alexandrinum, il n’est pas étonnant qu’Andrieu ait choisi de traduire « uernacula » par « indigène ». L’adjectif n’est pas complètement faux, mais il comporte une connotation particulière, liée à la conviction du traducteur de ne pas avoir affaire à une légion véritablement romaine. Dans la mesure où il est désormais largement admis que la legio vernacula était composée de citoyens romains installés dans la péninsule ibérique [note 3], la notice, la traduction et les notes de bas de page de l’édition CUF du Bellum Alexandrinum mériteraient d’être révisées en ce sens [note 4].

L’un des problèmes soulevés par l’édition du Bellum Africum (il y en a sans doute d’autres) porte sur la question des légions mentionnées par l’auteur anonyme. Le texte latin établi en 1949 par Alphonse Bouvet souffre en effet des mêmes travers que toutes les éditions de ce texte depuis celle publiée en 1847 par Karl Nipperdey, à savoir des modifications totalement injustifiées du texte latin. En l’absence d’argument valable, il me semble en effet inadmissible de modifier le texte quand sept manuscrits — dont Karl Nipperdey ne connaissait que quatre — sur les sept qui nous sont parvenus donnent la même leçon.

Le cas le plus flagrant est celui de la XXXe légion, qui est devenue arbitrairement la XXVe dans toutes les éditions du Bellum Africum et la plupart des travaux d’historiens, sans qu’aucun argument recevable n’ait jamais été produit à l’appui de cette émendation [note 5].

Pseudo-César, Guerre d’Afrique, éd. A. Bouvet, J.-C. Richard, Paris, Les Belles Lettres, 1997² (2002), p. 56.

Notes :

[note 1] Cette correction pose problème car elle fait apparaître deux fois la XXVIIIe légion dans l’ordre de bataille césarien, ce qui est impossible. Le même souci est également présent dans les manuscrits S, N, T et V. Les seules leçons plausibles sont celles du manuscrit M, qui mentionne d’abord la XXIXe puis la XXVIIIe, et celles des manuscrits U (avant sa correction par une seconde main) et R, qui citent la XXVIIIe puis la XXIXe.

[note 2] Pour une mise au point sur les « légions vernaculaires », voir Gérardin B., La légion des Alouettes, Besançon, 2009, p. 43-47, 79-87 et 107-108. Consultable en ligne par ici.

[note 3] Les travaux déterminants sont ceux d’E. Gabba (« Aspetti della lotta di Sesto Pompeo in Spagna », dans Esercito e società nella tarda repubblica romana, Florence, 1973, p. 475-480), J.M. Roldán Hervás (« Legio vernacula, ¿Iusta legio? », dans Ejercito y sociedad en la España Romana, Grenade, 1989, p. 203-223) et Fr. Cadiou (Hibera in terra miles. Les armées romaines et la conquête de l’Hispanie sous la République (218-45 av. J.-C.), Madrid, 2008, p. 612-627). Cf. Gérardin B., op. cit., p. 43-47. Contra : Fear A.T., « The Vernacular Legion of Hispania Ulterior », dans Latomus, 50-4, 1991, p. 809-821 ; idem, Rome and Baetica: Urbanization in Southern Spain, c.50 BC-AD 150, Oxford, 1996, p. 51-54.

[note 4] Une nouvelle édition du Bellum Alexandrinum permettrait en outre de prendre en compte l’important renouveau historiographique sur cette question. Je pense notamment à l’ouvrage de J.F. Gaertner et B.C. Hausburg : Caesar and the Bellum Alexandrinum: An Analysis of Style, Narrative Technique, and the Reception of Greek Historiography, Göttingen, 2013.

[note 5] L’émendation de « XXX » en « XXV » malgré l’unanimité des manuscrits a notamment été critiquée par A. von Domaszewski, P. Groebe, S. Gsell, H.M.D. Parker et L. Keppie. Pour une synthèse sur le sujet, voir Gérardin B., op. cit., p. 91-95 (avec toutes les références p. 92, n. 283).

Éditions de textes consultées :

Pseudo-César, Guerre d’Alexandrie, texte établi et traduit par J. Andrieu, Paris, Les Belles Lettres, 1954. Troisième tirage : 2002.

Pseudo-César, Guerre d’Afrique, texte établi et traduit par A. Bouvet, révision par J.-C. Richard, Paris, Les Belles Lettres, 1997² (1949). Deuxième tirage : 2002.

C. Iulii Caesaris Commentarii cum supplementis A. Hirtii et aliorum. Caesaris Hirtiique fragmenta, texte établi par K. Nipperdey, Leipzig, 1847.

CC. Ivli Caesaris Commentariorvm, Pars Posterior, Libri III De Bello Civili cvm libris incertorvm avctorvm De Bello Alexandrino Africo Hispaniensi, texte établi par R. Du Pontet, Oxford, Clarendon Press, 1901. Neuvième tirage : 1961.

C. Ivli Caesaris Commentarii, vol. III, Commentarii Belli Alexandrini Belli Africi Belli Hispaniensis accedvnt C. Ivli Caesaris et A. Hirti Fragmenta, texte établi par A. Klotz, Stuttgart-Leipzig, Teubner, 1993² (1927).

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Walter Schmitthenner, The Armies of the Triumviral Period

En 1958, l’historien Walter Schmitthenner (1916-1997) a soutenu à Oxford une importante thèse de doctorat sur les légions de la période triumvirale, intitulée The Armies of the Triumviral Period: A Study of the Origins of the Roman Imperial Legions. Bien que souvent citée dans les ouvrages sur l’armée romaine ou sur les guerres civiles de la fin de la République romaine, cette somme est inédite et s’avérait jusqu’à présent extrêmement difficile à trouver.

Portrait de Walter Schmitthenner

Une recherche dans le catalogue Sudoc permet de constater que cette thèse n’est consultable dans aucune bibliothèque universitaire française. De son côté, Worldcat n’en recense que neuf exemplaires à travers le monde : un en Suisse, quatre en Allemagne, deux au Royaume-Uni et deux aux États-Unis. Je sais par ailleurs que l’université de Heidelberg en détient une copie.

Regrettant fortement de ne pas avoir pu consulter cet ouvrage lors de mon travail de recherche sur La légion des Alouettes, j’ai patienté de longues années en espérant qu’une âme charitable la numérise et la rende accessible sur internet… En vain !

Au fil des années, plusieurs de mes souhaits ont fini par être exaucés. Il y a par exemple eu la mise en ligne de ressources inestimables telles que le Corpus Inscriptionum Latinarum [1] ou la Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft [2], dont l’article « Legio » est proposé ici même par votre serviteur. En revanche, toutes mes recherches internet pour The Armies of the Triumviral Period se sont invariablement soldées par un échec.

Au cours de l’été 2019, j’ai décidé de me mettre en quête de l’ouvrage afin de le numériser moi-même. Après quelques hésitations sur la destination, j’ai finalement opté pour la charmante ville de Fribourg-en-Brisgau, dans laquelle Walter Schmitthenner a effectué une bonne partie de sa carrière universitaire. Cet historien a enseigné à l’Albert-Ludwigs-Universität Freiburg à partir de 1967, puis il en est devenu professeur émérite en 1984. L’impressionnante bibliothèque de cette université propose à la consultation une photocopie reliée de sa thèse.

Ayant mis plus de dix ans pour accéder à cet ouvrage, je ne peux désormais résister au plaisir d’en faire profiter le plus grand nombre.

En théorie, le respect de la législation sur les droits d’auteur impose d’attendre encore 47 ans avant que cette thèse puisse être diffusée librement… Cependant, son caractère inédit et le fait qu’il n’en existe qu’un tout petit nombre de copies à travers le monde me semblent d’excellents arguments pour faire une légère entorse à cette règle.

Je considère que son partage gratuit rend justice au travail accompli par l’auteur, sans porter préjudice à personne. Je m’engage toutefois à en cesser immédiatement la diffusion dans le cas où un ayant-droit en formulerait la demande, ou si jamais cette thèse doctorale venait à être publiée par un éditeur. Merci de bien vouloir prendre contact avec moi le cas échéant.

J’ai rassemblé les deux volumes de cette thèse (texte et notes) dans un seul fichier PDF, que je vous propose de télécharger en cliquant sur l’image ci-dessous :

Référence :
SCHMITTHENNER (W.C.G.), The Armies of the Triumviral Period: A Study of the Origins of the Roman Imperial Legions, Oxford, thèse inédite, 1958, 260 pages.

[télécharger le PDF – 32,9 Mo]

Cette numérisation présente de nombreuses imperfections, essentiellement dues à la piètre qualité de la photocopie du tapuscrit original.

Bibliographie sur W. Schmitthenner :
MALITZ (J.), « Walter Schmitthenner † », dans Gnomon, 71, 1999, 2, p. 174-180. [disponible ici]
La photographie reproduite ci-dessus est tirée de cet article.

NOTES :

[1] Initié en 2009, le projet CIL Open Access a pour vocation la numérisation et la mise en ligne des volumes publiés avant 1940 : https://arachne.uni-koeln.de/drupal/?q=de_DE/node/291

[2] Depuis janvier 2019, un contributeur du site Archive.org propose en téléchargement gratuit la quasi-totalité des volumes de l’encyclopédie : https://archive.org/details/Pauly_201901

L’article « Legio » de la Realencyclopädie

Emil Ritterling (entre 1892 et 1911)

En 1925, l’universitaire allemand Emil Ritterling achevait la publication de son article « Legio » dans le douzième volume de la Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft. Il s’agissait d’une somme considérable, qui réunissait en un même texte la quasi-totalité des connaissances sur l’histoire des légions romaines de l’époque impériale. Le lecteur y trouvait un développement général sur les légions, suivi d’une synthèse détaillée sur chacune des unités légionnaires connues, incluant un examen critique des sources littéraires, épigraphiques et numismatiques.

Malgré son grand âge, l’article « Legio » reste aujourd’hui une référence incontournable pour tout travail de recherche sur l’histoire des légions romaines. S’il est dépassé sur bon nombre de points en raison des découvertes (épigraphiques, archéologiques…) effectuées depuis sa rédaction, aucune publication récente n’a permis de le remplacer. Sa consultation doit donc être associée à celle d’autres ouvrages, en particulier les actes du colloque de Lyon sur Les légions de Rome sous le Haut-Empire, publiés en 2000. [1]

Malheureusement pour les apprentis chercheurs, l’exploitation de l’article « Legio » est rendue compliquée par son accès difficile (avec une consultation uniquement sur place dans les bibliothèques universitaires) et sa publication en langue allemande. Il y a quelques années, une excellente initiative du site RomanArmy.com avait permis de contourner ces difficultés grâce à la mise en ligne d’une partie des synthèses d’Emil Ritterling dans une traduction anglaise. Un projet fort utile, mais qui paraît avoir été abandonné en cours de route. [2]

Pour faciliter vos recherches, je vous propose de télécharger ci-dessous deux fichiers PDF contenant une numérisation complète de l’article original. Vous y trouverez la contribution essentielle de Ritterling, encadrée par deux autres synthèses signées Wilhelm Kubitschek : l’une portant sur la période républicaine et l’autre sur les légions du Bas-Empire.

Cliquez sur l’aperçu pour télécharger une archive ZIP contenant les deux parties de l’article « Legio ».

TÉLÉCHARGEMENT DE L’ARTICLE « LEGIO » DE LA REALENCYCLOPÄDIE :
– « Legio ». Partie 1 (Kubitschek & Ritterling 1924) : [télécharger le PDF – 5,84 Mo]
– « Legio ». Partie 2 (Ritterling & Kubitschek 1925) : [télécharger le PDF – 19,7 Mo]


Références bibliographiques de la partie 1 :

* KUBITSCHEK (W.), « Legio. Republikanische Zeit », dans Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, XII.1, Stuttgart, 1924, col. 1186-1210.
* RITTERLING (E.), « Legio. Bestand, Verteilung und kriegerische Betätigung der Legionen des stehenden Heeres von Augustus bis Diocletian », dans Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, XII.1, Stuttgart, 1924, col. 1211-1328.

Références bibliographiques de la partie 2 :
* RITTERLING (E.), « Legio. Bestand, Verteilung und kriegerische Betätigung der Legionen des stehenden Heeres von Augustus bis Diocletian (Fortsetzung) », dans Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, XII.2, Stuttgart, 1925, col. 1329-1829.
* KUBITSCHEK (W.), « Legio. Der späteren Zeit », dans Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, XII.2, Stuttgart, 1925, col. 1829-1837.

NOTES :

[1] Les actes de ce colloque comportent une présentation par Rainer Wiegels du parcours d’Emil Ritterling et de son oeuvre :
WIEGELS (R.), « Legio. Emil Ritterling und sein Beitrag zur Truppengeschichte der römischen Kaiserzeit », dans Les légions de Rome sous le Haut-Empire. Actes du congrès de Lyon (17-19 septembre 1998), I, éd. Yann Le Bohec, Catherine Wolff, Lyon, 2000, pp. 9-20.

[2] Bien que les traductions ne figurent plus sur le site RomanArmy.com il est toujours possible de les consulter grâce à une sauvegarde conservée sur Archive.org.

Crédit photographique : auteur inconnu / Wikimedia Commons (domaine public).

Alexander Riese (1840-1924)

Friedrich Alexander Riese était un philologue allemand, né à Francfort-sur-le-Main le 2 juin 1840 et décédé dans cette même ville le 8 octobre 1924.

Après des études de philologie menées de 1859 à 1863 aux universités d’Erlangen, de Bonn et de Berlin, Alexander Riese enseigne en tant que professeur non diplômé au Joachimshalschen Gymnasium de Berlin. Il devient privat-docent en 1864 puis, en 1868, il enseigne quelques mois à l’université de Heidelberg en tant que professeur extraordinaire. Cette même année, il obtient finalement un poste au Gymnasium de Francfort-sur-le-Main.

Alexander Riese, qui avait déjà publié une édition des Satires Ménippées de Varron en 1865, en profite alors pour poursuivre ses travaux en matière d’éditions de textes. Il publie notamment ses propres éditions des poèmes de l’Anthologie latine en collaboration avec Franz Bücheler en 1869 et 1870, de l’Histoire d’Appolonius de Tyr en 1871, de l’œuvre d’Ovide en trois volumes entre 1871 et 1874, des Géographes latins en 1878, des poèmes de Catulle en 1884 et des fables de Phèdre en 1885.

Dans un autre registre, il rédige en 1875 un essai intitulé Die Idealisierung der Naturvœlker des Nordens in den griechischen und rœmischen Litteraturen, qui est traduit en langue française et republié à Paris en 1885, sous le titre L’idéal de justice et de bonheur dans la vie primitive des peuples du Nord dans la littérature grecque et latine.

Alexander Riese est également l’auteur d’ouvrages sur la région du Rhin pendant l’Antiquité, comme Das Rheinland in der Römerzeit (1889), Das Rheinische Germanien in der antiken Litteratur (1892), ou encore le recueil d’inscriptions Das Rheinische Germanien in der antiken Inschriften (1914), qui rassemble 4640 textes épigraphiques, classés par thèmes, dont près d’un millier concernent des légions. Son intérêt pour l’archéologie se traduit enfin par sa participation à des fouilles menées à Heddernheim, où il contribue à la découverte de vestiges romains.

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE :
*
M. Terenti Varronis Saturarum Menippearum reliquiae, Leipzig, 1865.
* Anthologia Latina sive poesis Latinae supplementum, deux volumes, Leipzig, 1869-70.
* Die Idealisierung der Naturvœlker des Nordens in den griechischen und rœmischen Litteraturen, Heidelberg, 1875.
* Geographi Latini minores, Heilbronn, 1878.
* Die Gedichte des Catullus, Leipzig, 1884.
L’idéal de justice et de bonheur dans la vie primitive des peuples du Nord dans la littérature grecque et latine, traduction de J. Sully Piquet et L. François, Paris, 1885.
* Das Rheinland in der Römerzeit, Leipzig, 1889.
* Das Rheinische Germanien in der antiken Litteratur, Leipzig, 1892.
* Historia Apollonii regis Tyri, Leipzig, 1893.
* Das Rheinische Germanien in den antiken Inschriften, Leipzig, 1914.

Article sur l’armée romaine :
* « Über die fünften Legionen und ihre Beinamen », dans Germania. Korrespondenzblatt der Römisch-Germanischen Kommission, 1, 1917, pp. 38-42. [télécharger le PDF]

LIENS UTILES :
* http://de.wikipedia.org/wiki/Alexander_Riese (biographie germanophone).
* http://de.wikisource.org/wiki/Alexander_Riese (articles et ouvrages en PDF).
* http://digi.ub.uni-heidelberg.de (articles en PDF).
* https://archive.org (ouvrages en PDF).

Alfred von Domaszewski (1856-1927)

Alfred von Domaszewski était un philologue et historien austro-hongrois, né le 30 octobre 1856 à Timișoara et mort le 25 mars 1927 à Munich.

Issu d’une famille plutôt aisée, Domaszewski effectue sa scolarité à Vienne, capitale de l’Empire d’Autriche-Hongrie. Il y mène des études de philologie, qui lui permettent de devenir professeur à l’Akademischen Gymnasium de Vienne. En 1882, il a l’opportunité de participer aux fouilles archéologiques de la ville de Smyrne, que Carl Humann mène en Empire ottoman pour l’Académie des Sciences de Berlin. Ce voyage amène Domaszewski et Humann jusqu’à Ankara, où ils réalisent, à la demande de Theodor Mommsen, des moulages du Monument d’Ancyre. [1]

En 1884, Alfred von Domaszewski devient assistant au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Il a alors pour mentor Otto Hirschfeld, professeur d’histoire ancienne et d’épigraphie à l’université de Vienne depuis 1876. Pressenti pour succéder à Mommsen à l’université Friedrich-Wilhelms de Berlin, Hirschfeld aimerait voir son élève le remplacer à Vienne. Mais celui-ci n’a pas encore les qualifications requises lorsque son maître est nommé à Berlin, en 1885. Domaszewski obtient son habilitation en 1886 et devient privat-docent. L’année suivante, il accepte une proposition de l’université de Heidelberg, dont il devient professeur associé. En 1890, il est nommé professeur d’histoire ancienne dans cette même université. Il enseigne à Heidelberg jusqu’en 1924, année de sa retraite.

Alfred von Domaszewski est principalement connu pour son ouvrage consacré à l’histoire des empereurs romains, Geschichte der römischen Kaiser, publié en 1909, et pour le travail qu’il a mené avec Rudolf Ernst Brünnow sur la cité antique de Petra, dans les années 1920, en actuelle Jordanie. Il a également été un important contributeur du Corpus Inscriptionum Latinarum. En 1902, il a participé avec Theodor Mommsen et Otto Hirschfeld à la publication des deux suppléments au troisième volume du CIL, consacrés aux inscriptions d’Orient et d’Illyrie. En 1909, toujours avec Mommsen et Hirschfeld, il a collaboré au treizième volume du CIL, dont il a notamment rédigé la partie sur les inscriptions de Germanie inférieure.

Domaszewski est aussi un historien incontournable pour tout chercheur qui s’intéresse à l’armée romaine. On lui doit en effet de nombreuses publications sur le sujet, dont un livre sur la religion de l’armée romaine publié en 1895, des articles importants — dont certains ont été compilés en 1972 sous le titre Aufsätze zur römischen Heeresgeschichte —, et surtout son ouvrage fondamental sur la hiérarchie (ou Rangordnung) dans l’armée romaine, publié en 1908. Cette véritable somme dresse une liste exhaustive des différents grades de l’armée romaine et s’efforce de les hiérarchiser. Elle a été réactualisée en 1967 par les soins de Brian Dobson, à l’origine de sa seconde édition. Elle reste encore aujourd’hui un bon point d’appui pour tout travail sur ce que les chercheurs appellent désormais le Rangordnung.

Alfred von Domaszewski était enfin un historien qui croyait beaucoup au rôle des « grands hommes ». En atteste notamment son œuvre la plus célèbre, Geschichte der römischen Kaiser, qui n’est pas consacrée à l’histoire de l’Empire, mais à celle des empereurs romains. D’autre part, bien que cela soit rarement mentionné, c’était aussi un universitaire qui s’intéressait de près à la « question des races » [2], et dont les convictions politiques étaient marquées par un certain conservatisme. [3]

NOTES :

[1] Theodor Mommsen a utilisé ces moulages pour établir sa seconde édition des Res Gestae divi Augusti, publiée en 1883.

[2] LÜDECKE (K.G.W.), I knew Hitler: The Story of a Nazi who escaped the Blood Purge, New York, 1937.Cet ancien proche de Hitler raconte son admiration pour Domaszewski, dont il a suivi les conférences pendant la Première Guerre mondiale. Il explique que ses discussions avec l’universitaire l’ont notamment amené à la lecture de l’Essai sur l’inégalité des races humaines de Joseph Arthur de Gobineau.

[3] JANSEN (C.), Professoren und Politik: Politisches Denken und Handeln der Heidelberger Hochschullehrer 1914–1935, Göttingen, 1992, p. 396. Domaszewski aurait été proche du Deutsche Vaterlandspartei (DVLP) — un parti conservateur, nationaliste, antisémite et völkisch actif de 1917 à 1918 — avant de devenir membre du Deutschnationale Volkspartei (DNVP), un parti de tendance nationale-conservatrice.

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE :
* Die Fahnen im römischen Heere, Vienne, 1885.
* Die Religion des römischen Heeres, Trier, 1895.
* Die Rangordnung des römischen Heeres, Bonn, 1908.
* Geschichte der römischen Kaiser, deux volumes, Leipzig, 1909.
* Abhandlungen zur römischen Religion, Leipzig-Berlin, 1909.
* Die Rangordnung des römischen Heeres, Cologne, 1967 (seconde édition, par Brian DOBSON).
* Aufsätze zur römischen Heeresgeschichte, Darmstadt, 1972 (sélection d’articles).

Sélection d’articles sur l’armée romaine :
* « Zur Geschichte der Legionen XIII bis XX », dans Korrespondenzblatt der Westdeutschen Zeitschrift für Geschichte und Kunst, 10, 1891, pp. 59-63. [télécharger le PDF]
* « Zur Geschichte der legio XIIII Gemina », dans Korrespondenzblatt der Westdeutschen Zeitschrift für Geschichte und Kunst, 10, 1891, pp. 252-254. [télécharger le PDF]
* « Die Thierbilder der Signa », dans Archaeologisch-Epigraphische Mittheilungen aus Oesterreich-Ungarn, 15, 1892, pp. 182-193. [télécharger le PDF]
* « Die Heere der Bürgerkriege in den Jahren 49 bis 42 vor Christus », dans Neue Heidelberger Jahrbücher, 4, 1894, pp. 157-188. [télécharger le PDF]

LIENS UTILES :
* http://de.wikipedia.org/wiki/Alfred_von_Domaszewski (biographie germanophone).
* http://de.wikisource.org/wiki/Alfred_von_Domaszewski (articles et ouvrages en PDF).
* http://digi.ub.uni-heidelberg.de (articles en PDF).
* https://archive.org (ouvrages en PDF).

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